Le jeudi 2 juin 2022 Pierre m’a fait l’honneur de m’accorder un peu de son temps pour me parler de l’exploit sportif qu’il venait de réaliser dans le cadre du Betty Tour : relever le défi de parcourir les plus de 900 kms qui relient Thoiry (01) à Toulouse (31) en alternant course à pied et vélo dans un geste de soutien à Betty, atteinte d’un cancer du pancréas. 

Cet élan d’humanité m’a beaucoup touché et j’ai souhaité en découvrir un peu plus sur Pierre, les circonstances de son action mais surtout la motivation profonde qui l’a animé et amené à ce défi sportif. 

Un exploit sportif et une forte expérience humaine 

L’aventure 

C’est un soir de février que Damien, un ami de Pierre, lui propose un projet un peu fou qu’il a imaginé avec Karine, une amie : le Betty tour. Il s’agirait de relier Thoiry à Toulouse en passant par Montluçon en courant ou en vélo. Mais pourquoi Montluçon et Toulouse ? À Montluçon habite Betty, une amie de Damien et Karine. Betty est atteinte d’un cancer du pancréas et fait partie du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD). L’idée était d’aller la voir en courant pour Damien et en vélo pour Karine tout en se faisant accompagner ou héberger par des membres du CJD. Très vite le projet a eu un autre but : poursuivre le périple jusqu’à Toulouse pour le congrès annuel du CJD pour y parler d’un thème souvent oublié : « la santé du dirigeant ». Tout au long du parcours, ils ont interrogé leurs hôtes ou accompagnants sur leur rapport à leur santé dans le but de synthétiser les témoignages en un livre. 

Habitué des ultra trails, course à pied en montagne avec de forts dénivelés, Pierre a tout de suite accepté de participer à l’aventure et à s’occuper de tout l’aspect communication et visuel. 

Cette épopée entre les trois compères s’est révélée pour Pierre une grande aventure sportive et un dépassement de ses propres limites et, surtout, une aventure humaine dont il dit en être ressorti enrichi et changé. C’est durant cette aventure sportive de treize jours qu’il a particulièrement été touché par la solidarité des membres du CJD et autres supporters rencontrés en chemin. Cette générosité et cette empathie, Pierre pense qu’elles « nous ont transformé et grandi ». 

Il ajoute « nous avions des discussions riches ; la parole s’est relâchée ; les confidences se sont faites plus intimes. Nous avons partagé de grands moments d’échanges, des moments de qualité. C’était complètement inattendu ».  

D’où vient cette motivation à se dépasser 

Sa motivation profonde, il la tire de sa volonté à « faire quelque chose d’exceptionnel pour lui-même », à « remporter un challenge personnel », en mettant en avant sa connaissance et son amour de la montagne. En hommage à sa grand-mère, une vraie sportive amoureuse de la montagne, il a par ailleurs déposé une photo d’elle au pied de la Croix de Belledonne pendant une course dans ce massif. 

Cette motivation débordante, il l’a d’abord mise à rude épreuve lorsqu’il a décidé en décembre 2019 de participer à la course de l’Échappée Belle prévue en août 2020. En effet, pour ses 50 ans, Pierre décide de « faire un truc exceptionnel ». Il s’inscrit à l’ultra trail.

L’Échappée belle, une course de 149 km et 11 300 m de dénivelés dans le massif de Belledonne à côté de Grenoble. Une course difficile et technique où seulement la moitié des participants arrivent au bout. Il mettra 48 heures et 5 minutes. 

Le Betty Tour autant que l’Échappée Belle reflètent l’état d’esprit de Pierre : un amoureux des défis apparemment impossibles qui l’amènent à repousser ses limites pour réaliser ce en quoi il croit. Il dit de lui-même : « quand j’ai un but, je fais tout pour y arriver ». 

La préparation 

L’Échappée Belle lui a valu dix mois de préparation physique et mentale. Dix mois pendant lesquels il a scrupuleusement suivi le plan d’entraînement de son entraineur avec cinq sorties par semaine quel que soit le temps et les conditions (dont deux mois de confinement et un Covid). Il enchaine les jours de course en montagne pour habituer le corps à courir fatigué. 

C’est lors de l’ultime test avant la course, une course de 100 km dans le Beaufortin, que Pierre apprend à gérer les événements par petites étapes atteignables plutôt que par grosses étapes qui paraissent trop difficiles. Du Tour du Beaufortain, il dira « qu’il m’a permis d’acquérir une certaine résistance ; j’ai appris à travailler par étapes ». Il ajoutera également que cette course lui a appris à « mieux vivre l’instant présent ». 

Il arrive au départ de l’Échappée Belle mentalement bien prêt : il sait qu’il est suffisamment entraîné, il sait qu’il a suffisamment travaillé pour espérer aller au bout. Il sait que le cerveau est la puissance du corps. C’est en passant la ligne d’arrivée qu’il prend conscience qu’il est fondamentalement optimiste et capable de pousser le corps pour réaliser ce qu’il appelle « son exploit ! ». 

Contrairement à cette course, pour le Betty Tour, il n’avait que deux mois pour se préparer à enchaîner des journées de plus de 50 km de course à pied. C’est donc sans réelle préparation qu’il entame ce voyage. Il sait que dès la deuxième journée, il sera en dehors de sa zone de confort et dans l’inconnu : ses jambes accepteront-elles de repartir après une journée de 85 km ? Là encore, le cerveau est la clé de la réussite. Une composante humaine vient s’ajouter : le but du tour, l’amitié dans le tour, le regard émerveillé des hôtes à chaque étape. 

Entre l’Échappée Belle et le Betty tour 

En janvier 2021 Pierre est licencié, il se met en recherche d’un nouvel emploi et souhaite utiliser son expérience dans l’ultra trail pour chercher une nouvelle orientation professionnelle. Il s’investit beaucoup dans la vie associative, arrête les compétitions et ne court que « pour le plaisir », trois fois par semaine. 

C’est après une mission de quatre mois dans une organisation internationale qu’il recommence à chercher du travail. Il sait que, comme dans une longue course, il faut avancer par petites étapes et être patient et endurant.  

C’est alors que l’aventure du Betty Tour commence, travail non rémunéré mais hautement enrichissant. 

Conclusion 

Pour conclure, il cite la phrase qui a suivi tout le Betty Tour : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Cet adage s’applique tout autant à Betty qui est arrivée à gérer toute la communication pendant le périple tout en gérant les séances de chimiothérapie.  

Je finirai cet article en reprenant les mots de Pierre qui ont clôturé notre entretien :  « J’ai deux enfants autonomes, j’ai eu de belles années de bonheur avec ma femme – dont il est divorcé – et j’ai fait mon exploit ; je prends la suite comme du bonus ».

Pierre – Profil LinkedIn
52 ans 
Graphiste

Actuellement à la recherche d’un emploi dans une ONG « qui a du sens, qui fait du sens pour moi », dans le canton de Genève ou en France voisine.

Membre de Back To Work Léman / Membre du Comité de l’association qui aide au retour à l’emploi et à la création d’entreprise 

Membre de l’association Vélorution qui apporte une aide pratique aux amoureux du vélo  

Bénévole pour l’association suisse Lire et Écrire qui lutte contre l’analphabétisation des adultes francophones